Chacun sait que les plantes captent les nutriments dans le sol par leurs racines. Pour faire pousser des légumes rapidement, le jardinier s’applique donc à apporter des éléments tout de suite assimilables, ce sont les fameux N (azote) P (phosphore) et K (potassium) des engrais.
Ces engrais de synthèses sont le fondement de la révolution verte qui a permis d’augmenter considérablement les rendements à partir des années 1950.
La disponibilité dans le sol de ces éléments minéraux a permis aux végétaux de se libérer de la symbiose avec les champignons essentielle en milieu naturel. En effet, naturellement 90% des plantes sont mycorhizées : elles délèguent à des champignons le soin de capter dans le sol les minéraux et l’eau nécessaires à leur croissance. En contre partie, le végétal cède à ses champignons environs 30% des sucres produits par la photosynthèse. Ces échanges s’adaptant aux besoins de chacun des partenaires, lorsque la plante est capable de capter par elle même des engrais solubles dans le sol via ses propres racines, elle cesse la symbiose et arrête de nourrir ses champignons. La plante devient alors dépendante de l’agriculteur qui la nourrit.
Un souci de ce mode de fonctionnement, en plus du fait que les engrais nécessitent beaucoup d’énergie pour être synthétisés, est que le champignon apporte d’autres services à la plante, dont une meilleur résistance aux maladies et aux attaques extérieures par un renforcement des défenses immunitaires du végétal. L’apport d’engrais en limitant les symbioses va diminuer la capacité des cultures à s’adapter à leur environnement. C’est pourquoi l’agriculture moderne conventionnelle s’applique à aseptiser les champs afin de protéger des plantes incapables de résister aux conditions extérieures.
Dans une logique de résilience, lorsque l’on souhaite installer un système de cultures pérennes, il s’agit donc de nourrir non plus seulement les plantes mais également tout le système sol dont font partie les champignons ainsi que des bactéries, des insectes, des vers de terre essentiels à la fertilité dans un milieu naturel.
Deux principes émergent pour encourager la vie du sol
1. perturber le moins possible le sol en cessant le labour
2. nourrir le système sol
De manière simplifiée, le sol mange du végétal. Plus ce végétal est dur (ou ligneux) plus il sera long à digérer mais plus il apportera d’énergie au sol.
Par exemple , la lignine du bois sera décomposée par un champignon, qui sera brouté par un collembole, dont les excréments fortement azotés seront minéralisés par des bactéries.
Un vers de terre anécique mange les déchets végétaux en surface et rejette de la matière organique en profondeur. Cette matière est soit directement assimilable par les plantes, soit crée le complexe argilo-humique.
Schématiquement, le sol mange le carbone et rejette de l’azote disponible pour les plantes.
On peut faire la comparaison avec les sucres pour les animaux :
– herbe, végétal très tendre = sucre rapide (on parle d’apports azotés) rapidement assimilé par le sol
– bois, très dur = sucre lent (apport carboné), stimule d’avantage la vie du sol, apport bénéfique à plus long terme.
Le sol peut être considéré comme un être vivant, il a besoin d’air pour respirer, il possède des organes (la structure du sol) et ne doit donc pas être passé au mixeur (charrue).
La fertilité d’un sol vivant est définie par
1. sa structure
2. la vie qu’il héberge
3. son taux de matière organique
L’objectif du jardinier est de booster la vie de son sol afin de décupler la fertilité, la capacité de stockage d’eau, la résistance au lessivage et la résilience des plantes.
Une réponse à “Qu’est-ce qu’un sol vivant ?”
[…] Pour obtenir une vie foisonnante et un jardin débordant de vitalité, il est essentiel de bien comprendre comment fonctionne un sol vivant. […]